Jeudi 8 mai 2008 : Nous décidons de descendre vers Solenzara. Non loin, il existe une via ferrata à Chisa pas trés longue qui nous permettra de
profiter de la mer et de ces acrobaties verticales. A quelques kilomètres avant Solenzara, nous découvrons l'existence d'un parc aventure et d'une via ferrata payante. On se dit pourqoi pas, ca
nous fera moins loin que de remonter dans la petite vallée de Chisa 20 kms plus loin.
Le gérant nous dit que si on a le matériel classique de via ferrata, il nous reste juste à louer une poulie pour les tyroliennes avec un mousqueton acier pour la ligne de vie. Il est 11h00, elle se
fait en 1h30 pour des personnes habituées, nous mangerons notre pique-nique à notre retour.
Le parcours commence par une petite tyrolienne qui traverse la rivière avant de remonter vers la falaise.
Puis arrive une première série de barreaux et câbles avant d'atteindre le rideau de fer.
Ce passage est relativement ludique, on se sent presque comme une araignée sur sa toile.
La suite est plus classique avec des barreaux, des petits passages athlétiques et des ponts himalayens. Habitués à des via ferratas plus sauvages, la progression est aisée avec une multitude de
barreaux.
Nous progressons sur un beau rocher coloré, de superbes dalles granitiques.
La via ferrata dispose de 4 tyroliennes, voilà Aurore en action sur la troisième tyrolienne.
Nous redescendons vers la rivière, nous arrivons au départ de la quatrième tyrolienne, la plus longue, la plus impressionnante, elle atteint 250 mêtres. Je me lance, l'inertie me fait prendre de la
vitesse et c'est le drame, j'ai beau freiné au maximum en m'approchant de l'arrivée, je m'écrase violemment contre la paroi, entraînant une double fracture de l'avant bras gauche avec un bon
hématome sur la hanche et sur la cheville qui a bien encaissée le choc.
Je m'apercois rapidement que mon bras est cassé, j'arrive à me longer d'une main sur le câble d'arrivée mais impossible d'enlever ma longe de sécurité sur la ligne de vie ni à enlever la poulie, je
suis sous le choc.
Le gérant du parc vient à mon secours et m'aide à redescendre la fin du parcours d'une main, de prendre la passerelle sur la rivière et de m'assoir en attendant les pompiers. Ceux-ci arrivent
rapidement et me placent dans le camion avec une attelle, allongé sur la civière.
Malgré tout à ce moment, je garde le sourire même si la douleur commence à être vive. Direction la clinique de Porto-Vecchio à une demi-heure de route.
Les radiographies confirment la gravité de la fracture: double fracture ouverte du cubitus nécessitant une intervention chirurgicale avec la pose d'une plaque avec 12 vis et pas moins de 28
agrafes. Trois jours d'hôpital, 1 mois d'arrêt de travail plus de nombreuses semaines de rééducation.
Plusieurs jours après l'accident, j'essaye de comprendre quelles ont été les défaillances:
- Voilà des années que je fais des vias ferratas et pas des moindres comme celle de Crolles côtée ED et fermée depuis l'année dernière suite à deux accidents mortels et j'ai toujous été à cheval
sur la sécurité,
- L'apparition des tyroliennes est relavement récente avec la mode des parcs aventure et des accro-branches, il semble qu'il y n'a pas de règles extrêmement précises pour qualifier une tyrolienne.
Un coup de téléphone à la société ayant installé ce parcours m'indique que leurs tyroliennes sont systématiquement dotées d'un amortisseur aves ressort deux mêtres avant l'arrivée pour éviter le
risque d'écrasement, celles de Solenzara n'en étaient pas dôtées. Pour ajuster la longueur du cable pour assurer un bon Y, ils prennent comme référence le poids moyen d'une personne qui doit
arriver à vitesse modérée en foncton de son poids. Et pour un grand costaud, c'est pas grave s'il prend plus de vitesse vue l'énergie cinétique liée au poids déplacé!
- Les Parcs aventures mettent systématiquement des matelas mousse épais pour amortir une réception rapide d'une personne, il n'y en avait aucun sur ce parcours,
- Le parcours venait d'ouvrir pour la saison. Avaient-ils fini de sécuriser le parcours? Le gérant m' a demandé pourqoi j'étais allé sur cette tyrolienne apparemment fermée, rien ne l'indiquait et
personne nous l'a signalé au départ lors de la location de la poulie.
- J'ai eu le tord de considérer qu'un parcours payant était forcément bien vérouillé en terme de sécurité des installations et qu'une analyse précise des risques permettait dedisposer les bonnes
protections collectives et individuelles. Ce n'était pas le cas.
J'essaye de relativiser cet accident qui même s'il est relativement grave aurait pu l'être bien plus si je n'étais pas arrivé sur le côté gauche mais plus de face ou sur les jambes. J'espère en
tout cas que cet accident permettra de mettre en place des actions correctives et préventives efficaces pour éviter de nouveaux accidents.